The bank of red roses

A mi-chemin entre la « rebel song » et la chanson d’amour, The banks of red roses semble venir du 18ème siècle, première trace écrite en 1790, époque propice à la rébellion contre les Anglais. Cette chanson semble venir d’Ecosse. Elle est très implantée en Irlande, et chantée par plusieurs chanteurs et chanteuses traditionnels.

Peu à peu, la chanson s’assagit vers une version plus moderne, plus sage et optimiste, qui devient plus populaire au vingtième siècle : The banks of roses. On peut la considérer comme une chanson à part tellement elle est devenue différente.

Je vais me concentrer sur la version la plus ancienne, plus poignante. La version aux roses rouges. L’interprétation est à la base a capella (chant seul), non mesurée.

Une jeune fille, Jeannie en Écosse, Mary en Irlande, supplie son fiancé Johnny de rester avec elle plutôt que partir à la guerre. Johnny creuse un trou dans une grotte sur la rive d’une rivière, empoisonne sa fiancée, et l’enterre dans le trou, sous un tapis de roses rouges. Un dur rappel de la priorité patriotique sur la vie affective. Les rebel songs ne s’embarrassent pas de sensiblerie quand il s’agit d’aller libérer la patrie.

Paroles

Il y a beaucoup de variantes. J’en propose une, ou plutôt un mélange de plusieurs versions qui se complètent :

Oh, when I was a young thing, I heard my mother say
That I was a foolish lass and easily led astray
And before I would work, I would rather/sooner sport and play
With my Johnny on the banks of red roses

On the banks of red roses, his love and he sat down
And he took out his charm flute to play his love a tune
In the middle of the tune, oh the bonny lassie said
‘Arrah Johnny, dearest Johnny, do not leave me

Then he took her to his lodge and he treated her to tea
Saying ‘Drink my dearest Mary and come along with me’
Saying ‘Drink my dearest Mary and come along with me
To the lovely sweet banks of red roses

Then they walked and they talked ’till they came unto a cave
Where Johnny all the day had been (spent) digging up a grave
Where Johnny all the day had been digging up a grave
For to leave his lassie low among the roses

Oh Johnny, lovely Johnny, oh that grave it’s no for me
Oh yes, my lovely Jeannie, that your bridal bed shall be
Oh yes, my lovely Jeannie, that your bridal bed shall be
By the bonnie bonnie banks of red roses

Then he pulled out his pen knife, it was both long and sharp
And he plunged it right into his own dear Mary’s heart
Yes, he plunged it right into his own dear Mary’s heart
And he left her lying low among the roses

And as he was walking homeward, his heart was filled with fear
Till every face he saw, he thought it was his dear
Till every face he saw, he thought it was his dear
Lying cold upon her bed of red roses

Dans les versions écossaises, on a plutôt Jeannie que Mary, et elle supplie Johnny de ne pas la tuer, entre la scène du poison et la scène du couteau. Dans ce cas il n’y a pas forcément de thé ni de poison. C’est un peu moins délicat.
A la fin, son fantôme revient hanter le tueur.

Il n’y a qu’une mélodie tout le long de la chanson, ce qui est la norme de l’époque, et qui reste fréquent en musique celtique. Le deuxième couplet est souvent repris comme un refrain après le cinquième ou sixième couplet, ce qui lui donne un caractère de refrain, sur la même mélodie que le couplet. Cette forme rappelle un peu la forme rondo, ou couplet-refrain. A-t-il existé une mélodie pour ce refrain ? On devine le glissement vers la version moderne, avec un vrai refrain inspiré de ce couplet.

Versions modernes

Il y a peu de versions arrangées par des groupes. Ils ont en général préféré reprendre la version Banks of roses, plus facile à mesurer et hramoniser. Elles sont toutes assez originales. La mélodie ancienne n’est pas facile à faire entrer dans un carcan rock/folk.

La chanteuse indienne Cree/canadienne Buffy Sainte Marie en propose un arrangement expressif, avec un rythme harmonique lancinant à la guitare, sur les paroles écossaises.

Ma préférée, la version du groupe Loch Tay, dont malheureusement je ne sais rien de plus. Le nom est écossais, les paroles sont tirées de la version irlandaise. De magnifiques arpèges de guitare. On trouve la répétition du couplet « on the banks of… » qui lui donne un caractère de refrain. Une approche plus moderne.

Intéressante version blues/rock par le groupe folk/celtique allemand Dale Wild Band. Il fallait tenter. Il existe une version studio de 2001.

Versions traditionnelles

Il est toujours intéressant de replonger dans les versions traditionnelles, qui portent déjà toute la saveur des arrangements à venir. Deux grandes familles donc, l’écossaise et l’irlandaise. Même mélodie, mais positionnement un peu différent du héros par rapport à son geste.

En Ecosse :

On peut trouver quelques versions traditionnelles écossaises sur ce site de collectage, ici, la version de Jeanie Robertson

Le chanteur écossais Aladstair Roberts en propose une version très traditionnelle en 2005,. Écossais, donc avec la fiancée qui supplie, et le héros qui a des remords après son forfait. Par contre la jeune fille s’appelle Molly. Prénom plus moderne peut-être, ou plus répandu dans son comté ?

En Irlande :

On trouve aussi des collectages traditionnels irlandais, comme la version de Sarah Makem dans les années 50, qui fait référence :

Une version traditionnelle légèrement harmonisée, et mesurée, par le groupe Irlandais DeDanann, à la fin des années 1970.